Méto, l’intégrale ***- Yves Grevet

Syros, Octobre 2010
Editeur:
Tome1 – La maison: Soixante-quatre enfants vivent coupés du monde, dans une grande maison. Chacun d’eux sait qu’il devra en partir lorsqu’il aura trop grandi. Mais qu’y a t il après la Maison ?…
Tome 2 – L’île: Méto et ses camarades ont enfin franchi les portes de la Maison, livrant un combat terrible pour leur liberté. Méto est grièvement blessé lors de la bataille…. Lorsqu’il se réveille, il se rend compte que ses paupières ont été cousues et qu’il est entravé à un lit. Où est-il ? Et ses amis, sont-ils encore en vie ?…
Tome 3- Le monde:De retour à la Maison, Méto est séparé de ses proches et désigné aux yeux de tous comme le « traître ». Mais les César le conduisent bientôt dans une partie de la grande demeure tenue secrète et réservée aux membres du groupe E, une élite chargée d’effectuer des missions sur le continent… Le dernier tome de la trilogie d’Yves Grevet.
Méto a déjà reçu 12 prix littéraires.
Avis:
Voilà une très intéressante trilogie de Sciences Fiction à la française. J’ai trouvé le troisième tome légèrement en dessous des deux premiers, conclure n’est pas facile! Il n’en reste pas moins que toute l’absurdité du monde dans lequel sont placés ces ados, dont Méto, rebelle et lucide entre tous, trouve des explications dans la clôture de cette série.
Maintenant que les trois tomes sont sortis, les lire sans interruption est beaucoup plus satisfaisant.
Une société cruelle, des règles absurdes, des jeunes qu’on empêche de grandir en leur faisant régulièrement une piqûre, des jeunes à qui on a enlevé le souvenir de leur passé, et une multitude de questions: Qui sont leurs parents? Que font-ils là? Pourquoi ces règles? Que vont-ils devenir quand ils ne seront plus des enfants?
Ce monde irrationnel est sans doute la métaphore d’un état tortionnaire, un Goulag, un camp de concentration avec ce ton surréaliste et décalé qu’avait déjà adopté Perec dans son magnifique « W ou le souvenir d’enfance ». Perec mettait dans ce texte en parallèle son enfance trouée, ses parents déportés, ses souvenirs stoppés, son analyse, et un monde absurde et cruelle avec des règles insensés, un chapitre était consacré à ses souvenirs, un autre à l’invention de ce monde de plus en plus grinçant, des chapitres sans liens apparents.Dans cette trilogie le lecteur est également convié à chercher derrière la métaphore où veut nous menait l’auteur.
Je pense aussi au formidable « Combat d’hiver » de Mourlevat (récemment paru en folio junior, Septembre 2010), la métaphore d’un état dictatoriale y étant claire: des enfants et adolescents livrés à eux mêmes comme dans « Méto », ignorant leur passé également, on apprend cependant assez rapidement (cette histoire ne comporte qu’un tome) qu’ils sont les enfants de résistants à la Phalange. Il y a une ampleur poétique dans ce texte que lui vaut largement quatre chapeaux de sorcières, j’en donne trois à celui ci.
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