Max **** – Sarah Cohen-Scali

Publié par Baba Yaga le


Gallimard jeunesse, coll. Sripto, Mai 2012

A partir de quinze ans.

Résumé d’éditeur:
1936 en Bavière, Max, enfant d’un foyer du programme Lebensborn, est nourri de la doctrine nazie dans le ventre de sa mère afin de devenir un parfait prototype de la race aryenne. Né le jour de l’anniversaire du Führer, il est élevé selon la doctrine nazie jusqu’au jour où il se lie d’amitié avec Lukas, un jeune Juif polonais qui a tous les critères physiques de la race aryenne.

Avis:
Fable historique dérangeante
J’ai reçu les épreuves non corrigées de ce roman, merci donc à mon représentant Emmanuel Rouvière et à Gallimard.
Il est écrit sur la quatrième de couverture: « une lecture choc dont on ne sort pas indemne » et c’est vrai! Il y a eu des moments au cours de ma lecture, où je devais éloigner de moi ces lignes trop troublantes et cruelles. Mais au bout de cette traversée, j’ai trouvé que c’était un texte cohérent avec son sujet: l’horreur du système nazi poussé jusqu’à l’absurde: le « Programme Lebensborn ».
Max est un enfant du Lebensborn élevé pour servir son Führer, c’est lui le narrateur, et jusqu’au milieu du roman à peu près jusqu’à ce qu’il rencontre Lukas, un beau spécimen d’enfant aryen – qui se retrouve être un enfant juif!- c’est un monstre qui parle, d’ou le coté extrêmement dérangeant de ce roman, mais peu à peu comme nous invite l’auteur à travers la lettre qu’elle a écrite aux libraires jointe aux épreuves de son livre, on finit par comprendre cet enfant et à l’aimer. Il ne nous fait plus horreur mais il nous donne envie de pleurer sur le sort qui lui a été infligé comme le fait Lukas, son grand frère d’adoption, son seul ami, à l’écoute du récit de sa vie. Et Max endoctriné à outrance dans la haine du juif et la vénération du Führer va évoluer, changer, ouvrir les yeux.
C’est un pari dangereux de faire d’un enfant monstre plein d’une cruauté inconsciente, le narrateur car il y a tentation de rejeter ce texte, il met trop mal à l’aise. De même que Monsieur Verdoux de Chaplin était un héros forcement dérangeant, un coupable « inconscient » qui faisait rire et pleurer à la fois, un monstre tueur de femme qui mettait la barre entre le bien et le mal en bien mauvaise posture: Coupable? Moi? faisait-il en tournant la tête? de même Max dérange profondément. Mais à la différence de Monsieur Verdoux, Max est un produit, fabriqué pour l’expansion de la race Aryenne, un produit qui n’a jamais eu l’amour d’une mère (tout du moins a t-on interdit à sa mère de l’aimer) c’était une mère porteuse à la gloire d’Hitler. Mais cet enfant malléable, à qui on inculque la cruauté a heureusement l’intelligence d’un être humain, et le besoin d’aimer, c’est sa rencontre avec Lukas qui va bouleverser sa vie et lui permettre de survivre au chaos de la fin de la guerre.
Voilà, c’est un texte très fort, si on accepte d’être bousculé, horrifié un temps, on pourra connaitre à travers Max la rédemption du petit monstre et retrouver espoir dans l’humanité. J’espère que vous pourrez apprécier ce livre à sa juste valeur.


1 commentaire

Tiphanya · 08/06/2012 à 19:15

J’ai trouvé que le fait que ce soit un enfant qui reprenne si volontairement les propos nazis atténuer l’horreur. En effet il répète ce qu’il a entendu et il le fait avec malgré tout énormément de candeur et de naïveté. Comme lorsqu’il dit « si Untel le dit, ce ne peut qu’être vrai ».
J’ai été captivée par l’évolution du personnage, par la construction très habile (telles les phrases « comment il s’en sort Lukas quand… » à la Napola) et par la présence du histoire et pas seulement de l’Histoire.

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