Le livre des choses perdues ****- John Connolly

Publié par Baba Yaga le

Critique envoyée par Céline, le Candide Littéraire


L’Archipel, Octobre 2009

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L’Europe est sur le point de basculer dans la guerre. Le jeune David est trop petit pour comprendre la politique, mais il n’en ressent pas moins l’inquiétude qui, chaque jour, mine un peu plus les traits de son père. Le garçon se retrouve livré à lui-même, seul avec Rose, celle qui a remplacé sa mère défunte. Mais un jour, la voix de cette dernière l’appelle, elle est là, toute proche, quelque part au fond du jardin, dans ce tronc creux qui, hier encore, n’était pas là… Et voilà David aspiré dans un autre monde, peuplé de créatures tout droit sorties des contes qu’il lit à longueur de journée. Un lieu magique et violent où, au détour de chaque chemin, le guette un danger qu’il doit affronter s’il veut un jour rentrer chez lui.

Avis:

Happée par cette histoire dès la première lettre, c’est un roman que je n’ai pu quitter avant la fin. John Connolly donne un rythme haletant à ce conte pour grands adolescents qui comme tous les contes donne quelques-unes des clés de la vie.
On y retrouve certains personnages des histoires féeriques de notre enfance, devenus bien plus inquiétants que dans mes souvenirs, plus sombres et plus profonds à la fois, ce qui leur donne une seconde vie autant qu’une autre dimension, plus à même de faire réfléchir le lecteur sur le poids de ses choix et leurs conséquences. À bien y réfléchir le chemin le plus facile n’est pas forcément celui le plus simple à assumer… David réfléchit à chaque épreuve à laquelle il est confronté. Loin d’être lisse, il est un héros comme je les aime : parcouru d’émotions contradictoires, difficiles pour lui d’être certain de ses choix. Il doute de lui, il doute des autres, il doute de ses motivations, il est capable d’écouter cette petite voix qui lui montre le chemin de la bienveillance, il est capable de lutter contre son côté sombre sans se morfondre dans l’autoflagellation, il accepte sa part d’humanité dans cet univers plus qu’inhumain, qui n’est au final que le reflet d’une âme rongée par ses propres cauchemars, envahie par sa propre haine. David est aussi capable de tirer leçon des erreurs des autres comme des siennes. Il est capable d’affronter ses propres peurs, guidé par l’amour qu’il voue à sa mère défunte. Il ne peut que sortir vainqueur de cette histoire pleine de rebondissements, de pièges, de trahisons, de mensonges et pourtant à aucun moment de cette épopée, qui rend un magnifique hommage aux livres et à la lecture, le lecteur ne songe à la fin.
Chaque personnage est ciselé, précis et poignant. Seul le personnage de Blanche Neige, énorme personne aigrie et mauvaise, ne m’a pas convaincue. Les situations s’enchaînent avec une élégante fluidité. Quelques répétitions m’ont parfois un peu gênées, des mots manquants mais rien qui casse le rythme de la narration de manière irrémédiable. Tous ces détails insignifiants pour ne pas faire croire que j’ai un parti pris pour ce livre ! Quoi que si à toute chose il doit y avoir une fin, je souhaite juste que des romans d’une telle qualité ne cessent d’être écrits que dans un futur très lointain, lorsque passés de mains en mains, ils pourront laisser leurs personnages chuchoter dans les rayonnages des bibliothèques les formules magiques destinées à amener les lecteurs toujours plus nombreux à lire les histoires dont ils sont les héros !
Un énorme coup de cœur !


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