Il faut laisser les cactus dans le placard ***- Françoise Kerymer

Publié par Baba Yaga le

Critique envoyée par Céline


JC Lattès, Broché, Octobre 2010

Editeur:

Marie, l’aînée, s’abrite dans son bonheur quotidien entre son mari pianiste, sa librairie ancienne à Paris, et ses deux filles. Cérébrale, sérieuse et responsable, elle tente de maintenir l’équilibre familial, au prix de sacrifices personnels qu’elle ne mesure pas elle-même.
La cadette, Anne, vit en plein vent, « dans les grandes largeurs » et pourtant modestement, au pied de son phare, dans la magnifique petite bourgade bretonne de Port Manech. Sculpteur qui n’a pas la chance d’être reconnue – mais est-ce vraiment important pour elle ? – elle dévore la vie, les hommes, et s’obstine à attendre un horizon qui réalise entièrement ses désirs.
La benjamine, Lise, la plus solitaire, la plus fragile aussi, cherche désespérément une rampe à laquelle s’accrocher pour sortir de sa mélancolie et croire encore aux promesses de la vie.
Toutes les trois s’étaient éloignées de leur père, homme taciturne et froid. Sa mort les force à se pencher malgré elles sur leur héritage familial, à comprendre cet homme silencieux, ses choix, son histoire. Elles doivent alors repenser leur vie, leur relation, libres enfin de choisir et d’être ce qu’elles veulent vraiment.

Avis:

Un texte très bien écrit. Des personnages très attachants chacun dans leurs différences, dans leurs blessures. Des phrases sensibles et justes. Il me semble évident aujourd’hui « que l’amour ne se mérite pas, il est ou il n’est pas ! » Mais voilà, par exemple, une phrase qu’il est bien agréable de lire et qui pourrait faire échos aux histoires des uns ou des autres. Une façon efficace de s’identifier au plus intime de nous-même à ces trois filles d’un père incapable de donner de l’amour. Une réflexion sous forme de parcours initiatique dans cette quête de Marie pour découvrir la vérité cachée de ce père dont elle s’est occupée quand plus personne ne voulait entendre parler de lui, qui libère peu à peu chacune de ces femmes des liens qui les tenaient prisonnières d’un passé qui ne leur appartenait pas, mais aussi d’un profond sentiment de culpabilité les empêchant de vivre pleinement les bonheurs que la vie leur offrait.
Des atmosphères bretonnes subliment suggérées, par touches légères, offrant à l’imaginaire la juste nourriture nécessaire. L’on se surprend, au fil des pages, à presque sentir les embruns déposer sur nos lèvres le sel de l’océan les jours de brouillard.
Une fin qui sans être un happy end laisse le lecteur serein et apaisé, heureux de sa lecture, car tous les nœuds sont défaits.


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